L’oraison thérésienne, un chemin de liberté

L’amour attire l’amour, nous dit Sainte Thérèse d’Avila. En ce 28ème dimanche du temps ordinaire, elle se présente à nous en maîtresse de vie spirituelle et nous invite à fixer notre existence sur le Christ Homme et Dieu. Réformatrice de l’Ordre du Carmel Déchaux, elle demeure la mère et l’enseignante de tous ceux qui puise dans son héritage spirituel la persévérance et la joie de la rencontre du Christ à travers l’oraison. Elle nous invite aujourd’hui encore à prendre appui sur l’Ami véritable pour offrir de l’eau vive à ceux et celles qui ont soif d’intimité avec Dieu.

L’oraison est le lieu de cette intimité avec le Bien Aimé. Redécouvrons dans toute sa fraîcheur ce texte de Thérèse au Ch 22 de Livre de sa Vie.

Le Christ dans la vie spirituelle (Cf Les heures du Carmel P. 214-215)

Avec un si bon ami présent, avec un si bon capitaine qui marche en tête quand il s’agit de souffrir, tout se peut supporter. Il est là qui nous aide et nous donne du cœur, jamais il ne nous manque, c’est un ami véritable. Pour moi, surtout depuis mon erreur, je l’ai reconnu et je le vois clairement : nous ne pouvons plaire à Dieu que par Jésus-Christ ; et sa volonté est de ne nous accorder de grandes grâces que par les mains de cette Humanité très sainte, en qui, comme il le dit, il met ses complaisances. C’est cent et cent fois que je l’ai vu par expérience, et je l’ai entendu de la bouche même de Notre-Seigneur. C’est par cette porte, comme je l’ai vu clairement, que nous devons entrer, si nous voulons que la souveraine Majesté nous découvre de grands secrets.
Ainsi, mon père, ne cherchez point d’autre route, fussiez-vous au sommet de la contemplation. On marche sûrement par celle-là. Oui, c’est par notre bon Maître que nous viennent tous les biens. Lui-même il daignera vous enseigner ; étudiez sa vie, il n’est pas de plus parfait modèle. Que désirons-nous de plus qu’un si bon ami, qui, toujours à côté de nous, ne nous abandonne pas dans les travaux et les tribulations, comme font ceux du monde ? Bienheureux celui qui l’aime véritablement, et qui toujours le garde près de soi ! Jetons les yeux sur le glorieux saint Paul, dont les lèvres ne pouvaient se lasser de répéter : Jésus, tant il le possédait au plus intime de son cœur.
J’ai considéré avec soin, depuis que j’ai compris cette vérité, la conduite de quelques saints, grands contemplatifs, et ils n’allaient pas par un autre chemin.
Dans ce chemin de l’oraison, il faut marcher avec liberté, nous remettant entièrement entre les mains de Dieu. Si sa Majesté veut nous faire monter jusqu’au rang de ses courtisans et de ses favoris, allons de bon cœur.
Je veux conclure par ceci : toutes les fois que nous pensons à Jésus-Christ, souvenons-nous de l’amour avec lequel il nous a fait tant de grâces, et du gage si précieux que son Père nous a donné de cette excessive charité dont il nous aime ; car l’amour attire l’amour. Quoique nous ne fassions que de commencer, et que notre Misère soit très grande, efforçons-nous cependant d’avoir toujours cette considération présente, et de nous exciter à aimer. Si une fois le Seigneur nous accorde la grâce d’imprimer cet amour en nos cœurs, tout nous deviendra facile ; nous ferons beaucoup en fort peu de temps, et sans la moindre peine. Daigne ce Dieu de bonté nous donner ce trésor, puisqu’il sait de quel prix il est pour nous ; je l’en conjure au nom de l’amour qu’il nous a porté, et au nom de son glorieux Fils qui nous a témoigné le sien par tant de sacrifices. Amen.

Bonne et joyeuse fête de la Madre

Une soeur

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